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Chers proches, chers tous,
Si vous lisez ce roman (je donne le ton mais je vous en prie restez !), c'est que vous faites partie de nos amis, des amis de nos amis, des proches ou moins proches mais avec je l'espère, la même ouverture d'esprit et bienveillance que nous.
Par où commencer ...
Si on nous avait dit qu'un jour il nous faudrait en arriver là pour caresser l'espoir d'avoir notre deuxième enfant dans nos bras, non seulement nous ne l'aurions pas cru mais en plus nous ne l'aurions pas envisagé!
C'est dire si les épreuves de la vie peuvent nous la faire voir différemment...
Pour ceux qui ne nous connaissent pas, la bienséance voudrait que nous fassions les présentations .
Je m'appelle Jessie, j'ai 41 ans et je suis mariée à Clément 43 ans, depuis maintenant 12 ans. Nous nous sommes rencontrés il y a 21 ans alors que nous avions 21 et 23 ans. Cette époque où la connexion internet s'appelait ADSL et faisait un bruit monstre, les portables étaient des gros machins à touches sans internet (pour ceux qui auraient encore du mal a comprendre) ..avec pour unique jeu, le serpent ! Ça y est vous situez l'époque ?
Maintenant qu'on a planté le décor, je passe à l'étape suivante. Je vous épargne, les années festives à Paris (pour moi qui sortait du 93, c'était un nouveau monde!) Pour en arriver à la fameuse question que tout le monde se pose tandis que tu maîtrises à peine comment déclarer tes impôts:
"Alors le mariage et les enfants c'est pour quand"? La question lunaire et incompréhensible pour moi à l'époque qui ne pensais qu'à me balader aux Galeries Lafayettes pour regarder les derniers modèles tendances.
Clément était quant à lui concentré sur ses projets professionnels qui lui demandaient par ailleurs beaucoup de sacrifices.
Je vous passe les étapes des années galères, les challenges à surmonter sur le plan professionnel, bref la vie quoi.
C'est le moment d' arriver au chapitre qui concerne l'envie d'enfants : "Ça te viendra comme une envie de faire pipi" me disait-on. À ma grande surprise, cela eut été le cas pour moi à 31 ans (Clément était prêt avant moi).
J'arrête donc de prendre la pilule qui m'avait été prescrite à l'époque pour des douleurs de règles insoutenables au point de perde connaissance. L'arrêt de cette pilule a d'abord a signé le retour des douleurs atroces ...et comme une bonne nouvelle ne vient jamais seule (plaisir d'offrir, joie de revoir), ce " +++ " comme on dit en langage essayeuses bébé (si tu as fréquenté ces forums, on se comprends) n'arrivait pas...8 mois passent et toujours rien. La gynécologue veut écarter une éventuelle endométriose vu mes douleurs depuis que j'ai 14 ans et me prescrit des examens auprès d'une spécialiste.
Le verdict est sans appel :
-" madame vous avez de l'endomètriose...et depuis très longtemps, au moins 10 ans. Si vous voulez un enfant il faudra aller en PMA."
- " en P quoi" ? Demandais-je ? J'ai à peine eu le temps de savoir de quoi il en retournait et surtout de pleurer toutes les larmes de mon corps, que quelques jours plus tard mes règles ne pointaient PAS le bout de leur nez
Je vous passe l'étape des réjouissances, de la peur d'être en train de rêver, peur de le perdre, peurs qui ne nous ont pas quittés pendant des mois jusqu'à l'accouchement très difficile qui m'a mené en césarienne d'urgence. Cette césarienne qui aura sauvé la vie de ma fille S. mais qui paradoxalement signera le début de l'enfer pour une nouvelle grossesse.
Connaissant maintenant ce qu'est l'endomètriose et ses conséquences sur la fertilité, nous décidons 1 an et demi après la naissance de S. d'essayer d'avoir notre 2ème enfant.
Vous vous doutez bien que si vous lisez ces lignes aujourd'hui alors que notre fille a eu 8 ans en décembre, c'est que ce 2eme bébé n'est jamais arrivé...si nous avions su ce qui nous attendait...
En effet, après 2 ans d'essais infructueux, nous reprenons rendez-vous avec le gynécologue. Il me propose de refaire des examens plus douloureux les uns que les autres avec un personnel médical qui n'est toujours bienveillant. Il m'oriente aussi vers un chirurgien spécialisé en endométriose pour évaluer "les dégâts".
En voyant mes résultats d'imagerie, le chirurgien décèle un isthmocele utérin (complication de ma césarienne) et me dit qu'une grossesse était impossible avec ce trou dans l'utérus, il faut donc opérer. Il me dit qu'après ça nous aurions toutes nos chances! Bien qu'effrayée, je reprends espoir...mais celui-ci sera de courte durée. Clément, lui reste serein et confiant.
Le lendemain de l'opération, tandis que je souffre atrocement, le chirurgien rentre dans ma chambre avec un air agacé. Il m'explique froidement et de manière expéditive qu'il n'avait jamais vu un "tel chantier", "qu'il y en avait partout", que mes organes étaient collés entre eux y compris mes ovaires qu'il a d'ailleurs dû décoller puis recoudre pour qu'ils puissent tenir. Il me dit que l'opération avait pris le double du temps prévu et qu'il avait fait ce qu'il pouvait mais avait peu d'espoir pour un 2eme bébé. Tout cela en 2 minutes chrono....lorsqu'il est sorti j'ai cru que mon monde s'écroulait. Je suis sous le choc!J'étais envahie par la tristesse et la culpabilité. Le ton du chirurgien me donnait l'impression d'avoir fait quelque chose de mal et d'être responsable de cette maladie.Je ne sentais plus les douleurs physiques tellement la souffrance morale avait pris le dessus. J'avais littéralement le cœur brisé. J'ai pleuré si fort que cela a alerté ma voisine de chambre, qui malgré sa chirurgie pour des fibromes, est venue à petits pas me réconforter. Nous avons passé la nuit suivante à parler de nos craintes mais avons aussi pris le temps de rire..un peu.
Le temps de la cicatrisation physique fût d'environ 2 mois. Celle de mon cœur a mis beaucoup plus de temps. Heureusement que notre fille est là pour nous remonter le moral, elle est vive et joyeuse! Nous l'aimons tellement fort.❤️ Elle parle très bien pour son âge et nous demande souvent quand elle aura un frère ou une sœur. Elle est trop jeune pour le comprendre à cette époque évidemment mais nous aussi on aimerait avoir une date à lui donner ..
Lorsque nous retournons voir le gynécologue, il me dit qu'avec le temps qui passe, il vaut mieux aller en Procréation Médicalement Assistée (PMA) (cette fois le jargon est compris). Ce que nous n'avions pas mesuré en revanche c'est la dureté de ce parcours PMA. Clément et moi sommes arrivés en terrain inconnu avec une sacrée dose de stress. À donc ensuite commencé le rythme très soutenu des échographies, des prises de sangs et piqûres de stimulation ovarienne. Autant vous dire que dans ce parcours, votre emploi du temps ne vous appartient plus et votre corps non plus.
Nous avons fait 2 Fécondation In Vitro avec le même hôpital avec une pause COVID obligatoire entres les 2. Malheureusement ces dernières n'ont pas fonctionné. J'ai également dû repasser par la case chirurgie car une nouvelle complication utérine à été détectée.
Toutes ces épreuves me coûtent énormément sur le plan physique et mental. Clément souffre lui aussi, je le vois bien mais il ne dit rien pour ne pas m'enfoncer encore plus. Je me sens peu à peu sombrer dans le désespoir, je remets tout en question, j'hésite à abandonner tellement il est difficile d'être sans arrêt renvoyée à ce que son corps n'est pas capable de faire. Je passe par toutes les phases possibles et imaginables, de la colère à la tristesse, la rancœur...Voir ces femmes enceintes autour de moi ne font que raviver le cri de ce ventre endolori, toujours sans bébé.
Le désir d'enfant, qu'il soit le 1er ou le 2ème, est très douloureux quand il n'arrive pas. Certains penseront peut-être qu'il s'agit d'un caprice mais je le redis, ce vide et cette souffrance, c'est comme toutes les souffrances de l'âme, il faut les vivre pour les comprendre. Nous respectons ceux qui font le choix d'abandonner, comment ne pas les comprendre ?! Et nous comprenons aussi ceux qui font le choix de se battre jusqu'au bout pour réaliser le rêve d'être parents.
Durant cette longue traversée du désert, la vie m'a mise sur le chemin de 23 femmes extraordinaires. Notre point commun ? Le désir d'être maman, avec des parcours extrêmement difficiles en partant de l'infertilité, des fausses couches au deuil périnatal.. Je vous passe les détails de cette rencontre mais je peux vous dire qu'elles ont changé ma vie! Le pourcentage pour que nos chemins se croisent était infime et pourtant...
Elles m'ont donné la force de frapper à la porte d'un autre hôpital pour tenter une 3eme Fiv. Malheureusement j'y ai été malmenée comme jamais, j'ai perdu 1 année à refaire des examens difficiles pour m'entendre dire au final que j'étais trop vieille, que j'avais des ovaires trop hauts, et qu'il fallait laisser la place aux jeunes...Le personnel médical est exceptionnel mais parfois il est absolument cruel, surtout en PMA.
Heureusement, ces 23 femmes magiques ont été là malgré la distance géographique qui nous sépare. Réparties aux 4 coins de la France et la Belgique, j'ai eu la sensation qu'elles me portaient physiquement. Je me revois leur faisant des vocaux WhatsApp remplis de larmes et de désespoir.
Avec mes proches, elles m'ont soutenue de toutes leurs forces et m'ont remplie d'amour. Elles m'ont aidé à croire en moi, en nous. Elles ont elles aussi eu des parcours douloureux et ensemble nous avons avancé. Elles ne sont d'ailleurs pas étrangères au fait que je m'adresse à vous tous aujourd'hui . La force de ce groupe est exceptionnelle et je me dis que dans toute la noirceur de ce tunnel, il y a mes proches bien sûr mais aussi ces 23 lumières qui me permettent de voir la lueur d'espoir possible.
Tandis que la 3eme fiv sera tentée avec une femme médecin extraordinaire recommandée par les femmes du groupe magique, cette dernière ne donnera pas d'embryons viables.
Le médecin nous dit qu'après un staff médical composé de 15 médecins spécialisés, l'hôpital refuse de faire la 4eme FIV car le bénéfice/risque n'y est pas.
C'est la douche froide. Je ressors de là lessivée et triste me demandant ce qu'on fait de mal! Clément est quant à lui soulagé que je n'ai plus à malmener autant mon corps. Il m'avoue avoir eu peur pour moi à plusieurs reprises. Serait-ce la fin de presque 7 ans de combat ? Vraiment nous sommes perdus.
Le gynécologue nous parle de l'option du don d'ovocytes avec un taux de réussite de près de 80%. J'y avais déjà réfléchi dans le passé et il y a encore 2 ans, je n'aurais pas pu l'envisager.
Aujourd'hui, après de multiples recherches et des retours d'expériences de connaissances, je me sens prête à franchir ce cap. Pour Clément, cela a été plus difficile et son cheminement a été très long et douloureux. Faire le deuil de mes gènes n'a pas été simple mais je crois très fort au pouvoir de transmission durant la grossesse, je crois au pouvoir de l'amour. Clément et moi avons de l'amour à revendre et chez nous, l'amour se démultiplie sans problème! Clément est un papa extraordinaire pour notre fille et je n'ai aucun doute qu'il le sera aussi pour cet autre enfant s'il devait arriver. C'est donc main dans la main que nous faisons le choix de saisir cette utime chance en Espagne.
Ah oui, j'ai oublié de préciser un détail des plus réjouissants (humour toujours), comme je suis noire d'origine antillaise et qu'il n'y a pas de donneuses noires en France, il nous faut aller à l'étranger. Les délais sont si longs pour les femmes noires qu'elles sont obligées d'aller à l'étranger quelque soit leur âge.
Alors on a le plaisir du voyage mais celui-là on ne l'avait pas vu venir...ses tarifs non plus ! Étant encore éligible a la Pma en France, la sécurité sociale nous aiderait à hauteur de 1600 euros...sur environ 7 à 10 000 euros (vous ne rêvez pas nous aussi on compté les zéros ).
Après le cheminement psychologique voilà qu'il nous faut penser au nerf de la guerre, l'argent, le flouze, la maille, les pepettes! On peut le dire dans toutes les langues, il met tout le monde d'accord. Tu peux avoir l'histoire la plus touchante de la terre, rien n'est gratuit, même en France mais alors à l'étranger tu peux ranger ta carte Vitale verte et sortir ta Carte bleue.
Vous savez, on a beau faire de l'humour, le sujet n'en n'est pas moins important pour nous. On fait le choix de rire aujourd'hui car on a tellement pleuré...tellement hurlé de douleur et de colère qu'on finit par saisir le peu d'émotions qu'il reste dans la panier. Notre fille S. choisit souvent cette émotion alors c'est celle que nous choisissons aussi, pour vivre ce chapitre de notre vie.
C'est d'ailleurs ce dernier chapitre (ou avant dernier qui sait ? ) de cette histoire que vous intervenez (si vous le voulez bien sûr).
Vous l'aurez compris on a besoin de vous pour financer ce projet si important pour nous. Vous vous demandez pour quelles raisons nous racontons notre vie dont probablement une bonne partie de la planète se fiche éperdument?
Et bien pour tout vous dire (nous ne sommes plus à ça près ) faire ce texte, vous faire entrer dans un bout de notre intimité n'a pas été chose aisée car nous sommes très pudiques. Mais nous estimons que demander de l'aide sur une somme aussi importante mérite que l'on vous ouvre un peu la porte de notre histoire.
Vous êtes sûrement très gentils mais personne ne joue à Colin-Maillard avec son argent aujourd'hui. Il est normal que tu saches à qui va cet argent et pourquoi, quelque soit le montant donné.
Alors voilà, c'est ici que s'arrête notre roman pour l'instant. Si vous souhaitez nous aider à en écrire la suite, même modestement, nous vous en serions extrêmement reconnaissants. Si tout ce que vous pouvez donner est votre soutien moral alors nous le prenons aussi car c'est un parcours tellement difficile.
Voici le lien vers notre cagnotte en ligne :
Nous ne sommes pas fan d'exposer les choses sur nos réseaux sociaux et faisons le choix du "bouche à oreilles", des partages sur vos réseaux ou toutes autres forme de communication, si vous le souhaitez. Voici également une photo qui vous permettent de "voir" qui nous sommes vraiment .
Nous ne manquerons pas de vous faire savoir si le roman prévoit un nouveau chapitre et vous remercions par avance de votre aide précieuse de tenter de l'écrire avec nous.
Avec toute notre affection,
Clément, Jessie et S.
Sans oublier notre chien Phoenix.
Co-organizers (3)
Jessie Hannagan
Organizer
Boulogne-Billancourt
Chinh An
Co-organizer
Myriam Munch
Co-organizer