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Aujourd’hui je vous écris pour vous exposer une réalité qui est inexistante chez nous et dont on ne parle jamais dans nos médias. Une réalité qui existe depuis bien plus longtemps que la guerre en Europe de l'Est et bien d’autres tragédies dont on parle en boucle chez nous. En aucun cas, mon intention est de diminuer ou d’invalider les autres souffrances de notre humanité. Mais il est certain que je ne peux rester en silence face à tout ce que j’ai vécu. Je prends le temps de déposer tout ce qui habite mon cœur, mes pensées, mon âme depuis le début mon séjour ici en Afrique.

Je vous écris présentement de la Côte-d’Ivoire. Je suis partie dans ce pays voisin me reposer et vivre autre chose durant 3 semaines.

Je devais prendre le temps de bien intégrer mon expérience humanitaire auprès des enfants afin de bien pouvoir vous la décrire.

Aujourd’hui si je vous écris, c’est parce que je crois à la puissance que représente l’entraide, l’amour et aussi la magie de la vie; aux synchronicités de la vie.

J’ai censuré les descriptions de ma mission humanitaire dans les dernières publications car je voulais être prête avant d’écrire ce qui suit.

En août dernier, bien relaxe dans mon logement, mon amie Katerine que j’ai rencontrée au Belize en 2018 (en pensant, je t’aime mon amie) me parle de la plateforme WorkAway qui met en relation des voyageurs prêts à donner un coup de main avec des hôtes qui ont besoin d’aide pour leurs projets ou leurs activités. Les voyageurs doivent aider leurs hôtes en travaillant bénévolement pour une durée par jour, en échange de quoi leurs hôtes leur offrent l’hébergement et les repas. Je me suis donc inscrite sur la plateforme et en fonction de mes envies, j’ai orienté mes recherches sur l’aide auprès des enfants. J’ai alors fait la rencontre de Moussa qui m’a expliqué en quoi consistait son travail auprès des enfants TALIBÉS de Saint-Louis. Dès notre premier échange, je savais que c’était à cet endroit que je devais aller. Sans hésitation mon choix était fait et ceux qui me connaissent savent qu’il est très difficile de m’arrêter quand je suis décidée

Les enfants TALIBÉS
Un talibé est un enfant orphelin dont les parents se sont défaits de leurs obligations parentales afin de les remettre à ce qu’on appelle un marabout. Ces parents, sans moyens et ignorant de la réalité croient que leurs enfant seront pris en charge d’une façon honorable et juste. Plusieurs de ces enfants proviennent des pays frontaliers au Sénégal (Mauritanie, Guinée, Mali) mais beaucoup sont aussi des Sénégalais. Je n’ai pas été en mesure de connaître le processus d’arrivée des enfants externes au Sénégal, mais j’imagine qu’ils doivent arriver en genre d’autobus. À partir du moment où ils montent dans le moyen de transport, ils ne reverront, pour la plupart, plus jamais leurs parents. Les parents de ces enfants envoient un certain montant d’argent au marabout désigné et l’affaire est conclue. Ces enfants sont généralement âgés de 3 à 15 ans. Ils n’ont pas de carte d’identité et la grande majorité ne connaissent même pas leur date de naissance.

Le Marabout
Le Marabout est un homme qui maîtrise le Coran. Ici je tiens à préciser qu’il existe plusieurs classes de marabout mais dans ce cas ici, je vais décrire le type de marabout qui s’occupe des Talibés et que je côtoie dans le cadre de ma mission.

Chaque marabout possède un endroit que l’on appelle Daara où il reçoit les enfants et il devient le responsable de leur développement; prise en charge totale du bien-être de l’enfant et de son éducation. Selon mes constats réalisés sur place, chaque marabout a, à sa charge, de 30 à 60 enfants. Il existe donc plusieurs marabouts un peu partout à Saint-Louis, mais aussi partout au Sénégal.

Conditions de vie des enfants Talibés
Dans le cadre de ma mission, nous visitons sur une base hebdomadaire une dizaine de Daaras.
À quoi ressemble un Daara ? Un Daara est censé représenter un centre coranique dans la culture sénégalaise. C’est le pilier de l’éducation des enfants au Sénégal. Encore une fois, il existe plusieurs catégories de Daaras mais dans le cadre de ma mission, nous intervenons seulement auprès de ceux qui se chargent des enfants TALIBÉS. Alors je reviens à ma question initiale qui est à quoi ressemble ce fameux Daara, ce centre qui se veut bienveillant pour les enfants. Selon mes constats faits sur place, il s’agit d’une maison ou plutôt d’un abri insalubre dans lequel il n’y a pas d’accès direct à l’eau, ni d’électricité, ni de toilette. Vous comprendrez donc qu’ils n’ont pas accès à de la nourriture. Il n’y a pas de meubles mise à part quelques chaises. Les enfants dorment donc sur le sol, directement sur de la terre. Ils ne se lavent que très rarement et leur peau développe de grosses infections. Pour manger, ils doivent mendier dans la rue à 2 reprises durant la journée. Leur alimentation consiste donc à du pain et des fonds de casseroles de riz de famille du quartier. Puis, ils doivent aussi rapporter de l’argent à leur gardien - le marabout.

…..

Que font ces enfants à part mendier? Ils apprennent le Coran. Selon mes constats faits sur place, ces enfants passent plusieurs heures consécutives assis par terre en groupe à réciter des lectures coraniques qui sont supervisées par le marabout. Il arrive fréquemment que les enfants subissent des corrections lorsqu’ils ne rapportent pas suffisamment d’argent ou bien qu’ils ne récitent pas bien leurs prières. J’ai été témoin d’un enfant qui s’est fouetter avec un grand fouet comme dans les films américains qu’on regarde confortablement dans son salon. Mon cœur a cessé de battre l’instant de ce moment. Je ne pouvais pas intégrer dans ma conscience ce que mes yeux venaient d’observer. Comment un homme messager de Dieu peut-il se donner le droit de fouetter un enfant ? Je vous laisse trouver votre réponse. J’ai aussi constaté que le Marabout vit dans des conditions très différentes que celles des enfants à sa charge; il est propre, il est bien vêtu, il mange à sa faim.

Constats cliniques et réflexions humaines
Plusieurs d’entre vous, moi-même d’ailleurs (avant d’arriver sur place) pensent que ces enfants sont probablement heureux malgré tout et qu’ils finissent par vivre un certain équilibre psychologique; une réflexion simpliste qui révèle une partie de vérité. L’être humain est doté d’une capacité d’adaptation puissante.

J’ai pu observer et constaté que ces enfants sont en état d’hypervigilence et en mode de survie. Leurs besoins de base ne sont pas comblés (ici je fais référence à la fameuse pyramide de Maslow). Ils sont privés de l’accès à leur état affectif. Un exemple pour illustrer ce constat: je vois à tous les jours des enfants qui viennent me présenter leurs « bobos » en bon québécois ou plutôt leurs blessures physiques. Seulement quand je pose mes yeux sur leurs dit bobos, je n’y vois rien. Alors je comprends qu’ils viennent me voir simplement pour recevoir un sourire, de l’énergie, de l’amour… Malgré le fait qu’ils n’aient pas de « bobos » visibles, leur âme est souffrante. Je me demande comment ces enfants font pour se développer sans recevoir d’amour.



Quand celui qui est censé veiller sur toi peut t’agresser et te fouetter…comment est-ce possible de lui faire confiance. Ces enfants sont coupés de leur monde émotionnel. Je dirais même, qu’on leur a enlevé le droit d’être enfant.


Comment peut-on demander et forcer des enfants à apprendre le Coran, le ventre vide, négligés affectivement? Ont-ils la maturité suffisante (développement cognitif du cerveau) pour comprendre ce qu’ils récitent pendant des heures ? Je vous laisse trouver vos réponses par vous-mêmes. En AUCUN CAS, je veux invalider le symbole universel de ce que représente la religion, car comme l’a si bien décrit Carl Jung dans ses nombreux ouvrages « l’âme de l’homme est spirituelle et la religion, et ce peu importe comment elle est pratiquée, est ce qui permet à l’homme de relier son inconscient (les phénomènes de la vie indescriptibles, les synchronicités de la vie, son moi) à son conscient (son soi, la totalité de sa psyché, la totalité de son être) et d’y trouver un sens divin à sa vie.
Source Livre : Un voyage vers soi de Frédéric Lenoir.

Au final, j’ai aussi fait le constat que ces enfants font partie du décor africain du pays. Ils sont complètement oubliés bien qu’on les voit presque à chaque coin de rue avec leur peau sale, leurs vêtements souillés, leur blessures physiques et leur pot à mendier. Lorsque je raconte ce que je viens de vous expliquer par rapport aux conditions de ces enfants aux citoyens qui croisent mon chemin, ils me demandent si « ce drame » se passe en région éloignée….alors que tout se déroulent directement sous leurs yeux.

Après tout, ces enfants sont « entre bonnes mains » car ils côtoient au quotidien des messagers de Dieu. Est-ce une croyance collective inconsciente qui frappe le peuple Sénégalais? Je vous laisse y réfléchir…

Mission humanitaire avec le Centre Taliberté
Je suis certaine que plusieurs personnes parmi vous se demandent ce que l’État fait pour améliorer la condition de ses enfants. Selon mes constats et nombreuses discussions avec des acteurs sociaux et des locaux, l’État « ne fait rien ». Plus précisément, il n’existe pas de centre d’hébergement d’enfant ou d’orphelinats ou autres structures qui viennent en aide aux enfants Talibés ou tous autres enfants vivant dans des situations précaires. Tout ceci pour dire que les ONG qui existent pour venir en aide à cette problématique qui est d’envergure macrosystémique, ne reçoivent rien du gouvernement. La plupart d’entre elles sont créées par des expatriés du Sénégal qui reçoivent des dons extérieurs comme c’est le cas du centre que j’aide qui a été subventionné par des Suisses il y a quelques années.

Ce qui m’amène à vous expliquer que les organismes qui existent pour aider les enfants Talibés ont besoin d’humain comme moi pour aider que ce soit pour l’instant d’un sourire, d’un soin, d’un don de vêtement, d’une danse, d’un câlin. Je tiens à préciser que quand j’écris « moi » je signifie « nous ». Comme le proverbe sud africain le dit si bien : I am because we are.

Sur ce, il est clair je ne vais pas régler cette problématique et sauver les enfants (quoi que j’aimerais bien tous les adopter) puisque c’est le peuple qui doit se prendre en charge, mais je souhaite sincèrement continuer de les aimer et de leur offrir un peu d’apaisement.

Je vous présente donc ma deuxième collecte de fond.

Mon souhait le plus cher est que chaque personne qui vient de prendre le temps de lire tout ce texte, partage ma collecte à tous ceux et celles qu’ils connaissent et qui croisent leur chemin au quotidien et ainsi, contribue à la hauteur de leurs moyens. Laissons la magie de la vie se produire.

Voici précisément comment l’argent sera utilisé: achats de vêtements, achats de nourriture, achats de matériaux de premiers soins, achats de médicaments, consultation médicale, achats de matériaux de construction pour réparer les murs, ériger les fondations de certains Daaras.

-Merci à mon ami Eddy, celui qui m’a dit de foncer à écrire tout ce que je porte en moi.
-Merci à mon amie Zoé qui m’a simplement dit que je devais ouvrir une autre collecte de fonds
-Merci à mes amies et à ma famille.
-Merci à tous ceux qui sont derrière moi, je vous porte en moi et je vous aime.

I AM BECAUSE WE ARE

MP autrement surnommée ici, Machine à Parler ✌️




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