
Sauvez un patrimoine culturel et familial franco-algérien
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Mon arrière-grand-père Étienne, encadreur à Alger au début du XXᵉ siècle et au cœur d’un réseau dynamique d’artisans et d’imprimeurs algérois, est à l’origine d’une collection exceptionnelle d’images éditées, aujourd’hui très recherchée.
Ces chromolithographies et cartes postales (technique d'impression en couleurs du XIXe siècle), auraient été créés en collaboration avec des artistes algériens, à une époque charnière où, malgré les tensions coloniales, des échanges culturels authentiques prenaient forme. Ces multiples, diffusés sur les marchés et dans les boutiques, incarnent un patrimoine visuel populaire original, issu d’un savoir-faire remarquable. Au fil des décennies, ce corpus métissé s'est dispersé naturellement à travers le monde, circulant des souks jusqu’aux collections privées et aux institutions muséales.
Entrepreneur visionnaire, implanté à Bab el Oued, Étienne menait parallèlement plusieurs activités commerciales, mais animé par une quête artistique sincère, consacrait une part importante de ses ressources à ce projet éditorial coûteux, au point de s'endetter lourdement.
[De gauche à droite : Julia, mon arrière-grand-mère ; Paul, mon grand-père qui a réédité les chromos ; Étienne, l’éditeur des tout premiers chromos ; et André, dont on suppose qu’il aurait illustré au moins un des chromos édités par Étienne.]
Dans mon enfance, j’avais eu connaissance des images éditées par Étienne. Mais le poids du silence et des non-dits a peu à peu enseveli leur trace : Etienne est mort tragiquement à l’âge de 49 ans, suite à un drame familial dont on ne reparla jamais. Cette disparition brutale a interrompu son travail d’édition et l’a fait sombrer dans l’oubli, comme si toute possibilité de transmission avait été effacée. Son œuvre, restée inachevée et reléguée dans l’anonymat, mérite pourtant aujourd’hui d’être redécouverte et célébrée.
Ce n'est que récemment, grâce au travail éclairant d’un chercheur anglais spécialiste du sujet, que j'ai pris conscience de la richesse extraordinaire du travail d'Étienne et de ses collaborations artistiques. Heureusement, ma mère a conservé une boîte ayant traversé les générations, où dormaient quelques archives devenues aujourd'hui des clés précieuses. Avec William, cet historien, nous sommes en contact régulier pour croiser nos pistes : c'est un vrai travail de fourmi pour recouper les maigres indices que nous avons pu rassembler pour le moment, car il existe très peu d'informations.
Ces éditions révèlent des aspects fascinants : outre certains maîtres incontestés de la miniature algérienne qui bravaient les interdits en créant des œuvres à thématique islamique sous la colonisation, d'autres artistes auraient contribué à cette collection, dont certains restent encore anonymes, mais dont le rôle reste à éclaircir.
Cette aventure éditoriale ne s’est pas arrêtée avec Étienne. Au milieu du siècle dernier, son fils Paul, mon grand-père, réédita les chromos de son père, en y apportant quelques variations ornementales. Son commerce d'encadrement rencontrant de sérieuses difficultés, il relança ce projet grâce au soutien financier d’un couple d’amis, ce qui lui évita la faillite : il vendait ces images à des commerçants arabes, qui les proposaient ensuite dans leurs boutiques et sur les marchés. Fait étonnant : certains de ces chromos, qu’ils soient de Paul ou d’Étienne, ont parfois été confondus entre eux dans plusieurs musées, comme par exemple au centre Georges Pompidou. Cette méprise fréquente prouve non seulement leur filiation directe et leur qualité esthétique, mais souligne aussi le besoin de les recontextualiser historiquement avec des légendes précises.
La main de Fatma ou « Khamsa » de mon grand-père.
Aucun exemplaire n’a été conservé dans ma famille, mais plus je m’intéresse à ces images, plus je me passionne pour le mystère qu’elles représentent. Pourtant, au fil des recherches et des découvertes, cette énigme ne cesse de s’épaissir, tout comme mon admiration grandit pour ces magnifiques lignes et couleurs, illustrant des sujets d’une grande profondeur et d’une intense spiritualité. Bien qu’Étienne n’ait pas été musulman à ma connaissance, son appartenance à certaines confréries initiatiques pourrait expliquer son intérêt pour des thématiques ésotériques islamiques et pour la tradition soufie.
Mon projet est simple: reconstituer ce fonds dispersé, rechercher et préserver ces œuvres quand c'est possible, les documenter soigneusement et les faire rayonner. Ces images sont plus que de simples documents : elles racontent un pan peu connu de l’histoire visuelle populaire. L'urgence donne à cette quête un caractère exaltant, car ces pièces rares suscitent désormais l'intérêt des collectionneurs et des galeries internationales, témoignant de leur valeur artistique retrouvée.
Ma démarche ne vise pas seulement à sauvegarder un patrimoine perdu : il s’agit aussi de le faire dialoguer avec le regard d’aujourd’hui, en interrogeant ce que ces images, parfois religieuses, souvent symboliques, racontent encore sur la transmission culturelle et la mémoire visuelle.
[Photo ©Jérémy Cardoso]
Cette aventure éditoriale nécessite un soutien collectif pour aboutir pleinement. Votre contribution permettra de sauvegarder les derniers exemplaires disponibles qui existent à travers le monde, et de les faire connaître pour les générations futures à travers des expositions, des prêts institutionnels et des publications spécialisées.
Mon rêve : une exposition au MUCEM à Marseille, que le visiteur pourrait découvrir en surplombant la Méditerranée, face au quai où l’on voit les navires reliant Alger à Marseille, comme un écho vivant entre les deux rives.
[Fiche d’identification d’une œuvre de la collection de la bibliothèque Kandinsky (Centre Pompidou). Datation et attribution erronées.]
Les premiers résultats encouragent la poursuite de cette quête : j’ai déjà acquis une vingtaine de cartes postales après plus d'une année de recherche méthodique en Europe, et j'ai localisé plusieurs exemplaires d'affiches dans des galeries spécialisées.
Cette cagnotte a pour but de financer l’achat de chromos rares que j’ai repérés, tout en poursuivant l’agrandissement de la collection de cartes postales. L’acquisition de certains exemplaires vise avant tout à créer un noyau de référence, autour duquel pourra se construire un travail de médiation plus large.
Ce fond patrimonial constituerait une base suffisante pour envisager de poursuivre les recherches archivistiques, mais surtout, pour mettre en lumière l'histoire qui entoure les chromos d'Etienne.
Merci de votre aide pour restaurer cette mémoire, et faire revivre un trésor visuel et culturel partagé.
Sophie
Information importante : cette cagnotte a pour seul objectif de préserver un patrimoine familial et culturel menacé. Il ne s’agit pas d’un achat d'un bien ou d'un service. Les fonds qui me seront reversés seront intégralement utilisés pour financer des actions à but non-lucratif. Je m’engage à tenir informés chaque donateur de mon avancement (acquisition, restauration, exposition…) afin qu'ils soient pleinement acteurs du projet.
Merci à toutes celles et ceux qui souhaitent soutenir cette initiative.
Organizer

Sophie Russ
Organizer
Argenteuil, A8