Hommes sans Futurs

La toute jeune compagnie de théâtre La Grotte, implantée en Occitanie, vous invite à donner un coup de pouce à sa première création Hommes sans Futurs.

Été 2010, vallée de Geyrac. Des fouilles archéologiques freinent la construction de la tant attendue base nautique. Pour Jean et sa bande, plus grand chose à faire sans pouvoir aller à "la Flaque" – fumer des cigarettes et faire des tours de scooter.

Jean devra bientôt quitter l’école pour reprendre la charcuterie familiale. Plutôt crever. Ou fuir dans un pays où il ne risque pas de croiser des cochons. Sylvain tente de devenir un homme, contraint par la rigide fierté paternelle, tandis sa soeur Manon, rêveuse invétérée, profite de chaque occasion pour échapper à la surveillance familiale. Il y a aussi Julie, chez sa mère un week-end sur deux, en ville et dont elle revient avec des idées un peu trop féministes pour sa patronne de stage au salon de coiffure. Et Yacine, qui fait partie de la bande de façon satellitaire. On dit que son frère est en prison. On s’éloigne un peu aussi, parce qu’à la campagne fréquenter un « cassos », ça fait tache sur la si précieuse réputation.

Mais alors que les adolescents attendent de savoir quel sort leur réserve l’orientation scolaire, la pièce B123-459 disparaît du chantier de fouilles...

Hommes sans futurs est traversée par le mythe de Pyrène et Héraclès, celui de la création des Pyrénées mais celui aussi qui punit la femme pour avoir « cédé à la tentation » et qui attend d’un homme qu’il érige son destin au-dessus de celui des autres. Au creux de leur vallée pyrénéenne, les adolescents nous offrent des alternatives possibles à cette fatalité.

Les ruines béantes mettent à jour un théâtre et donnent aux personnages la possibilité de l’imaginaire, une confrontation à l’Histoire mais aussi l’occasion de rendre sa place aux mythologies. La mythologie des ancêtres, posée sur leurs épaules comme un devoir de mémoire et leur seule identité envisageable. La mythologie du territoire, celle d’un milieu agraire encore rythmé par les saisons, limitrophe des lotissements cadencés, eux, par les horaires de bureaux et la noria des SUV qui entrent et sortent des garages. La mythologie de la modernité, enfin, celle des années 2000 – Skyblog, chaines YouTube et jeux vidéo.

Au prétexte d’un fait divers, Hommes sans futurs veut donner une voix à ces adolescents et laisser entrevoir leur immense peur de ne pas pouvoir devenir eux-mêmes. Si la pièce traite d’une certaine violence structurelle, elle explore aussi le mécanisme de la colère poussant à des comportements individuels féroces. Infusés dans le discours des enfants, le racisme ordinaire, la peur du changement mêlée à l’excitation de la modernité, la soif de parole sous la chape de plomb des non-dits, le déclassement social et le sexisme ambiant. Hommes sans futurs s’insère dans un projet plus large cherchant à établir les modalités possibles d’un nouveau théâtre de la ruralité : comment représenter – sans les trahir, ni les caricaturer – les « coins paumés » sur scène ?

La Cie La Grotte a pour vocation d'imaginer un nouveau théâtre de nos campagnes. À travers un théâtre documenté, parfois documentaire mais qui emprunte toujours au monde de la performance et à la culture digitale, nous souhaitons raconter notre génération, celle des Skyblog, des chichas à la pomme, des motocross, et de l'émergence des réseaux sociaux au creux des lotissements pavillonnaires.

La pièce se jouera deux fois, le 13 septembre, à Paris.

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Avec : Palmyre Rowe, Charlène Varoquier, Louis Atamian, Théo Ribeiro et Stanley Soubhi

Écrit et mis en scène par : Lina Fradin

Scénographie : Oundene Godeffroy et Lina Fradin

Régie et assistanat : Marie-Camille Vallot, Marie-Camille Abboud, Hélie Thonnat