Vacciner les chiens pour aider les jeunes.
Je suis Louise Gariépy, j’ai 76 ans, je vis seule à la campagne avec mes deux Golden Retrievers.
Les chiens, et particulièrement l’éducation des chiens, sont ma grande passion.
Depuis bientôt 4 ans, j’accompagne des jeunes congolais dans le « dressage » et l’éducation de leurs chiens en utilisant des méthodes bienveillantes, mais aussi dans la traversée de leur adolescence.
Le Congo est encore un pays pauvre, très pauvre, où les chiens ont une vie dure. Dure, mais très brève.
En cherchant à éduquer leurs chiens, les jeunes apprennent le sens de responsabilité, acquièrent une estime de soi qu’ils ne trouveraient nulle part ailleurs.
En fait, ils ont avec eux une relation d’une rare intensité, telle que je n’ai jamais vu ailleurs, qui va bien au-delà du «dressage ».
Ils ont le sentiment d’être protégés, et par dessus tout, celui d’être aimés pour toujours!
Leurs chiens ont une meilleure vie: mieux éduqués, ils sont mieux traités dans la famille, ne subissent plus la violence de l’éducation à coup de pied ou la réclusion permanente dans le recoin sombre qui leur sert de niche: de tout cela , le jeune tire une grande fierté.
En se regroupant, ces jeunes se tiennent loin des drogues et de la criminalité.
Ci-dessous: rassemblement spontané après les cours. On parle de chiens.
Malheureusement ces chiens meurent à un taux effarant: presque 1 sur quatre sous l’âge de 2 ou 3ans, des morts qui auraient pu être évitées. Les familles n’ont pas les moyens de vacciner le chien. D’autres ne savent simplement pas qu’un vaccin existe. Un vétérinaire me dit: « Il croient tous que leur chien a été empoisonné ».
Et chaque fois, ce sont des cœurs brisés mais résignés.
Ci-dessous: la mort de Clicto.
Aussi, je sollicite aujourd’hui votre aide pour vacciner le plus grand nombre possible de ces chiens, pour qu’ils puissent continuer de donner un sens à la vie de ces jeunes qui s’impliquent sérieusement et amoureusement auprès de leurs chiens.
Pouvons-nous vraiment faire une différence? OUI!
Nous y arriverons parce que leur enthousiasme est contagieux: l’idée a germé dans 2 têtes, puis 3, ils sont maintenant près de 40 jeunes qui m’ont suivie dans cette belle aventure.
La différence je la vois déjà.
Nous y arriverons parce que vous savez combien, au Congo comme au Québec, c’est beau et fragile un ado.
UN FESTIVAL CANIN?
Le but n’est pas seulement de vacciner, mais de sensibiliser.
Les jeunes amoureux des chiens ont cette tradition de se rassembler pour faire valoir leurs chiens, les nouveaux tricks qu’ils leur ont enseignés. Ils le font au moins 5 ou 6 fois par année.
Donc spectacle, musique, beaucoup de propriétaires de chiens, d’éleveurs et de dealers, festival animé par le Maître de cérémonie, un titre qui se mérite et est attribué par les jeunes qui reconnaissent en lui un « Maître » .
C’est à cette occasion que nous déploierons tous nos efforts de sensibilisation: affiches, tracts, feuilles volantes, harangues par le maître de cérémonie.
La plus belle qualité d’un chien,
c’est d’être en vie.
Faites vacciner votre chien!
Un vaccin trop cher pour beaucoup, inconnu de trop.
Le vaccin multi-souche que nous offrons coûte $40.00, alors que le salaire moyen mensuel au Congo est de $43.00. Il faut vraiment être convaincu pour se décider à une telle dépense!
Certains pourraient payer la vaccination, ils ne savent pas qu’elle existe!
Leur expliquer. Les convaincre. C’est notre but!
Les aider, c’est nous aider aussi, car à l’approche de 25 ans, ils sont l’Afrique de demain, il doivent rester passionnés.
Merci!
Si vous voulez bien, il me reste l’envie de vous raconter l’histoire de El Shaddai Kiffoto, notre Maître de cérémonie.
J’ai connu Kif en 2017, à l’âge de 17 ans.
Il n’est qu’un parmi tant de jeunes qui traversent une adolescence difficile, avec leur chien comme seule bouée.
Il arrive tout juste sur un groupe d’éducation canine positive québécois , lui encore si timide et réservé. Ses premières questions parlent de dressage (mot tabou dans notre communauté canine), demandent comment et à partir de quel âge on doit châtier un chiot !
Horreur, il est immédiatement éjecté.
Je prends vite contact avec lui: s’il a fait tout « ce chemin » c’est qu’il cherchait quelque chose qu’il ne trouvait pas chez lui.
Je connais peu son enfance, mais vu notre différence d’âge , je deviens un peu pour lui grand-mère attentive, en plus de « maîtresse »: je découvre avec une surprise amusée la coutume de cette marque de respect envers la personne qui enseigne.
Le voici donc avec une jeune chienne croisée Labrador , ce qui l’humilie quand il voit les Malinois, Pitbulls et Rottweiler des autres. Une petite Nell tellement terrorisée qu’elle ne peut quitter son coin derrière le fauteuil. Il n’a vraiment pas envie de la frapper, mais il ne voit rien d’autre autour de lui.
Nous travaillons ensemble et à peine 3 mois plus tard, il marche fièrement avec Nell vers le festival bruyant, où elle exécute le trick très humble de “la prière” qu’il lui a enseigné en 3 jours!
Nell reçoit des applaudissements exceptionnels, Kif n’en revient pas.
C’est le moment charnière où s’établît entre nous une confiance mutuelle: il accepte l’idée qu’on peut éduquer un chien dans la bienveillance, et moi je sais que je ne perdrai pas mon temps.
Déjà il se sent capable de partager le nouvelle approche. Il crée un groupe WhatsApp qui s’appelle « Éducation positive », où il convie ses premiers adeptes.
4 années parsemées de temps forts et d’absences.
Je le voir faire des progrès constants. Je suis presque surprise, compte tenu de son âge, que sa passion n’aille qu’en grandissant. Il aurait tant d’occasions de… de quoi? Peu à peu, il s’ouvre sur sa vie privée. Il se sent prisonnier de son pays, de sa ville. Déjà, lui aussi commence à rêver de partir.
Les absences!
Il m’explique plus tard d’un ton neutre: 4 jours d’échanges de tirs, confinement à la maison, le gouvernement coupe toutes les formes de communications, téléphone ou internet.
Ou
« Maman!.. je suis malade! »
Attaque de malaria et de fièvre typhoïde.
En fait, c’est la routine: 2 ou 3 fois par année,
Ils l’ont tous! Comme une tempête de neige ici: embêtant mais normal.
Et parfois, le pire de tout: «on m’a volé mon téléphone».
Il fait l’acquisition d’autres chiens: la première après Nell, une magnifique mais famélique malinoise qu’il négocie à la porte de l’abattoir: elle ne servira pas de viande!
J’en serai la marraine, elle s’appellera Maline. Il commence à la remettre sur pied, l’entraîne un peu, l’emmène avec Nell aux festivals… puis tout à coup, elle dépérit et meurt en quelques jours: évidemment, pas vaccinée. Peu après c’est au tour de 2Zoo de mourir, le premier chien qu’on lui a confié à dresser.
Il ne montre pas son chagrin, ça arrive tous les jours à un ou l’autre de ses amis. Mais moi, je suis terrassée pour lui.
Il continue d’apprendre. Beaucoup par U-Tube, des vidéos que je lui recommande en réponse à ses questions.
ci-dessous: El Shaddai Kiffoto, Maline, Nell et 2Zoo
Avance rapide, janvier 2020.
Le groupe québécois qui l’avait éjecté l’a accepté de nouveau., Il est à l’Université, en Agronomie, depuis déjà 3 ans. Il n’en parle jamais.
Sa vraie vie, sa fierté, ce sont les chiens .
Il a confiance en lui-même, des voisins lui demandent de dresser leurs chiens , il a quelques élèves qui lui vouent presqu’un culte, mais n’ont pas les moyens de le payer.
Puis la catastrophe à son échelle: La Covid fait perdre leurs emplois à ses 2 parents: lui qui a vécu jusque là relativement bien connaît la grande pauvreté pour la première fois.
Mars 2021: Il crée ce groupe Facebook d’éducation canine, qu’il me demande d’animer. J’y rencontre ses amis et bien d’autres jeunes.
Quelques professionnels aussi, qui viennent par curiosité et relèvent le défi.
C’est le cas de Kevin Keys Tshimanga (Keys), peut-être le plus âgé du groupe, qui gagne sa vie en dressant les chiens et qui «aime tout ce qui touche les chiens » : lui aussi m’envoie des vidéos, et sa confiance m’honore. 
Ils sont enthousiastes, certains travaillent vraiment fort, d’autres se contentent de .
Et je découvre avec consternation pourquoi tant d’entre eux, qui étaient actifs, m’envoyaient des vidéos de leurs progrès disparaissent soudain: leur chien est mort…
Pas vaccinés. Presqu’un chien sur quatre!
Mon ami Kif lui… est absent. Plus d’argent pour nourrir son téléphone, il ne peut lui aussi que mettre des pouces levés.
C’est la première vraie dépression, la révolte.
Et les autres? Il sont tous différents, mais oh, comme les chiens les rassemblent!
Récemment j’ai posé la question:
« Pourquoi votre chien est-il si important pour vous? »
Sécurité: le mot qui revient le plus souvent.
« Avec lui je suis en sécurité, il est toujours à mes côtés, il me protège. »
Amour et fidélité.
- Il est toujours là quand j’ai besoin de lui
- Il m’aime autant que je l’aime
- Avec lui je ne suis jamais seul
- Je ferais tout pour qu’il soit toujours avec moi.
Et la phase crève-coeur:
« Je l’ai toujours dit: amour canin, amour à vie”
Ils sont responsables d’une autre vie. Ils n’en parlent pas dans le sondage parce que ça va de soi. Pourtant, en conversation privée:
-« Madame, comment bien nourrir mon nouveau chiot? »
-« Mamie, il vomit quoi faire? »
-« Maîtresse, il n’aime pas les visiteurs. C’est urgent, mon père veut l’envoyer à la viande, (au sens propre) comment faire? Vite vite!”
-« Madame Louise, il n’est pas propre, ma mère ne le veut plus dans la maison? Dites-moi! Vite! »
Si fiers du travail accompli:
-« Il fait déjà assis couché, pas bouger, je veux lui enseigner la marche au pied »
-« je lui ai enseigné « Fais le mort » et il a été très applaudi au spectacle, et tous les autres voulaient savoir comment faire!”
-« J’ai tellement appris que j’ai déjà 3 élèves »…
Échec aux autres tentations:
Quand ils se retrouvent par petits groupes improvisés, entre la fin des classes et le couvre-feu, ils parlent de chiens!
Quand je leur demande: et la drogue?
- Il n’y en a pas!
- Oui il y en a, mais pas ici!
(Il faut dire que c’est trop cher).
Sauvés par la pauvreté ou par leurs chiens?
Et ne pensent pensent pas à la drogue, par contre, il ont besoin d’appartenir à des agences ou des clubs. Ce sentiment d’appartenance est vraiment important, mais ne conduit - à ma connaissance - à aucune violence.
J’ai souvent vu des regroupements semblables au Carré St-Louis à Montréal, et je les comprends mieux maintenant.
Dès que je lui parle de mon projet « Vaccinons les chiens », Kif sort brusquement de sa léthargie!
Déjà il se relève financièrement: il vient d’obtenir 2 contrats, qui lui apporteront $90.00, quand on pense au salaire moyen d’un congolais, de $43.00 par mois!
Il devient le 2e « sous-chef » responsable de la préparation matérielle des opérations sur le terrain, mobilise déjà ses troupes.
Nous ne sauverons directement que quelques centaines de chiens.
Nous sauverons des centaines de jeunes qui vivent dans la peur, le désespoir de la pauvreté qui les pourchasse, la détresse affective, l’abandon, émotions qu’ils n’expriment que lorsqu’ils parlent de leurs chiens.
Encore une fois Merci!
NOTES:
Note 1. Vaccin HIPRADOG 7
« Live vaccine against canine parvovirus infections, distemper, hepatitis, laryngotracheitis and tracheobronchitis, in injectable freeze-dried tablet, and inactivated vaccine against canine leptospirosis, in injectable suspension.«
Note 2. L’organisation « Save the dog » fondée par Gradi Kasereka.
« Save the dog » n’est pas encore une organisation enregistrée.
Elle rassemble depuis quelques années des jeunes volontaires qui partagent les mêmes idées, et militent pour améliorer le sort des chiens domestiques (sans compter les milliers de chiens de rues)
Leurs objectifs sont surtout de sensibilisation.
1: interdiction de l’abattage des chiens pour consommation humaine,
2: interdiction combats de chiens,
3: sensibilisation aux problèmes de reproduction irréfléchie des chiens en dehors des élevages.
Ils le font à l’occasion des grands rassemblements canins dont ne parlais, et c’est aussi à l’occasion de tels rassemblements que se feront les vaccinations.
Ils utilisent aussi les réseaux sociaux pour faire valoir leurs idées, et surtout faire connaître leurs activités.
Note 3. Revenu moyen mensuel en RDC.
Note 4. Budget sommaire. Pour des prévisions détaillées, faire la demande.
Tous les montants en $US, qui est la monnaie de référence en RDC.
300 doses de vaccins Hipradog -7 à $ 9.00 et glacière /seringues /aiguilles
À distribuer en 3 phases de 42 jours chacune 2 850 $
2 évènements sensibilisation et vaccination. 1 740 $
Frais de suivi pour les 2e et 3e doses. 750 $
Total en USD 5 340 $
Total en CND 7 743 $
Frais Go Fund Me 2,29% 177 $
TOTAL (CND) 7 920 $.