Main fundraiser photo

Violences policières

Donation protected
Le 27 août, j’ai été victime de violences policières. Nous sommes le 17 septembre et j’arrive seulement à mettre des mots aujourd’hui sur ce qu’il s’est passé. La violence des événements m’a profondément perturbé et je me suis senti incapable d’en témoigner avant aujourd’hui tant les séquelles physiques et psychologiques sont importantes. Seulement, voilà, j’ai besoin de ton aide. J’ai besoin que tu lises ce que j’ai écrit, même si c’est long, j’ai besoin que tu comprennes l’impact que peut avoir ce genre d’actions sur quelqu’un.e. Je tiens à préciser que pendant toute la durée de cette expérience violente, je n’ai eu de cesse de réaliser le privilège que j’ai d’être blanc et de parler français. Si la situation que je raconte peut être aussi violente pour quelqu’un.e de blanc.he, ou francais.e, imaginez les violences commises par la police envers les personnes racisées sur une base quotidienne. J’ai besoin que tu lises ces mots que j’ai eu tant de mal à écrire. J’ai besoin que tu les intègres et qu’ils te fassent réagir.

 

27.08.2019 / 19h20

 

Rue Roy E et Rue St Hubert

 

Contexte :

 

Moi, une sacoche autour de la taille, une bouteille, du linge et une boite de thé dans les mains.

 

Situation :

 

Nous étions un groupe de personnes à attendre au feu rouge. Après avoir laissé passer toutes les voitures, sauf une qui avait mis son clignotant et s’engageait à gauche et, n’étant pas sur un croisement avec du trafic, j’ai décidé de traverser sur le passage piéton, suivi par une autre personne. La voiture qui s’était engagée à gauche, se rendant compte que la rue qu’elle voulait emprunter est barrée, décide finalement de revirer de bord et continue vers ma direction. Du coup, je me retrouve devant la voiture. C’est une voiture de police. L’un d’eux me crie : « c’est rouge », ce à quoi je réponds : « désolé », et finis de traverser.

 

Le feu passe au vert quand j’atteins le trottoir. Comme je ne m’arrête pas au milieu de la route et continue de traverser, l’un deux me crie : « ARRÊTE-TOI ». Ce à quoi, je réponds, « je suis désolé, je n’ai pas le temps ». Je continue donc de marcher, j’entends la voiture qui change de sens et me suit, et se parque à côté de moi, à mon niveau. Les portières claquent. Les deux agents sortent de la voiture en disant : « on t’a demandé de t’arrêter, tu t’arrêtes et tu viens ici tout de suite ». J’ai donc été vers eux, leur obéissant, en leur disant que j’étais sincèrement désolé, que j’avais attendu au feu pendant plusieurs minutes pour laisser passer toutes les voitures mais qu’ayant vu leur voiture s’engager à gauche, sans autre véhicule arrivant par la suite, je me suis autorisé à traverser (suivi de quelques secondes par une autre personne). Il m’a répondu que peu import, que c’était rouge. Je lui dis que je sais, que je m’excuse sincèrement, que c’est une erreur de ma part, mais que je l’avais fait uniquement en considérant qu’il n y avait aucun trafic et que j’étais pressé. Il me répond :

 

-       Rouge, c’est rouge, tu vas me donner tes papiers d’identité

-       Non mais s’il-vous plait, je vous ai expliqué que je suis pressé, que je suis désolé mais il n’y avait aucun danger et le feu passait au vert 2 secondes après.

-       Bah il fallait attendre, donne-moi tes papiers d’identité.

-       Je ne les ai pas.

-       (En pointant ma sacoche) T’as pas de papiers d’identité la dedans?

-       Non, j’ai aucun papier sur moi.

-       Moi je pense que tu mens parce que je vois des choses dans ta sacoche. Ouvre-la.

-       Non, je connais mes droits, je n’ai pas à ouvrir ma sacoche, je n’ai rien sur moi.

-       Ok, à ce moment-là, donne-moi toutes tes informations : nom, prénom, date de naissance, adresse

 

Je donne un faux nom, une fausse date de naissance etc pour ma sécurité. Pendant que l’un deux se moque de mon nom, l’autre cherche mon identité dans son système.

 

Étant déjà dans les radars de la police pour cause d’homosexualité et comportements militants, j’ai décidé de donner une fausse identité pour me protéger. Ne me trouvant pas dans leur système, l’un deux me dit que je ne partirais pas tant que mon identité n’aura pas été vérifiée et me redemande d’ouvrir ma sacoche, certain d’y trouver mes papiers.

 

-       Je vous l’ai déjà dit, je connais mes droits et je n’ai aucune obligation d’ouvrir quoi que ce soit.

-       Soit tu décides de coopérer, soit c’est nous qui allons-nous en occuper et ça va être plus violent.

-       J’ai déjà bien voulu coopérer, je vous ai donné mon identité, si vous ne la trouvez pas, c’est peut-être que je n’ai rien à me reprocher.

-       (En s’approchant de moi) ça suffit, donne-moi ta sacoche

-       Non

 

Il appelle son collègue, lui demande de sortir de la voiture, m’attrape par les épaules, me fait une clé de bras et me plaque contre leur char. Il me met les menottes, les serrant au maximum et m’écrase de son poids. L’agent me répète de lui donner ma sacoche, je refuse en criant que je connais mes droits et en essayant d’interpeller les gens autour qui commencent à s’arrêter. Je me mets à crier que la situation n’a rien de normal, que je suis victime de violences policières et que je suis maintenu dans cette position pour avoir traversé au feu rouge, dans l’espoir que quelqu’un se mette à filmer la situation (ce qui finira par arriver).

 

Pendant que je répète en boucle que je connais mes droits et que j’ai juste traversé au feu rouge, les agents essayent littéralement de m’arracher mes affaires des mains (qui sont menottées). Ils me tordent les doigts pour essayer de les avoir et m’écartent les jambes en même temps avec leurs pieds pour pouvoir m’arracher mes affaires. Sous le coup de l’adrénaline, je ne lâche pas, la situation dure au moins pendant 5 minutes, pendant lesquelles ils me crient de lâcher mes affaires (en l’occurrence, une serviette, une gourde et un sachet de thé). N’arrivant pas à me faire lâcher prise, ils appellent DEUX AGENTS en renfort. Ils sont maintenant à 4 SUR MES POIGNETS, qui se font littéralement découper par les menottes et arrivent finalement à m’arracher ce que j’ai des mains avec violence, brisant alors ma gourde. S’en vient ensuite le moment où ils essayent de s’emparer de ma sacoche que je tente tant bien que mal de bloquer entre moi et la voiture. D’un seul coup, un agent s’appuie sur mon dos, m’étouffant de son poids et arrache ma sacoche. Je crie aux passant.e,s que je respire mal. Ils ouvrent ensuite la portière de la voiture, appuient sur ma tête et me pousse sur le banc arrière et un des agents me dit : LES GENS QUI NE VIENNENT PAS D’ICI ET QUI N’ONT PAS LEURS PAPIERS, ON LES ARRETE. Ils claquent la porte.

 

Les deux agents rentrent dans la voiture. La porte à peine fermée, l’un d’eux s’exprime : « le spectacle est fini ». Ils roulent vers Sherbrooke afin de quitter l’endroit rempli de témoins et se stationnent sur le côté du boulevard, suivis par la deuxième voiture appelée en renfort. L’un des agents ouvre ma sacoche, trouve mon portefeuille et s’exclame : « AH, on le savait que t’étais une menteuse, si on t’a arrêté c’est parce que t’es une menteuse ». Il prend ma carte et commence à donner mon identité à son collègue qui me rentre dans le système. Pendant ce temps, les deux autres agents appelés en renfort sont devant la voiture. Alors qu’ils sont en train de vérifier mon identité, l’un des agents présents me demande si j’ai une job, je lui réponds que pour le moment je ne travaille pas. Ce à quoi il me répond : « ben tu devrais ». Je suis dans un tel état que je n’arrête pas de leur répéter que ce qu’ils font est intolérable, violent et inhumain. L’un des deux agents attendant a l’extérieur de la voiture (se moquant de mon accent) :

 

-       T’as ta résidence permanente toi ?

-       Oui.

-       du coup, du coup, si tu tiens à ta résidence permanente, tu ferais mieux de ne pas nous parler comme ça.

 

L’agent qui vérifiait mon identité me demande si j’ai un casier judiciaire, ce à quoi je réponds que non, je ne fais que traverser au feu rouge. Il appelle le gouvernement pour vérifier. En raccrochant, il dit quelque chose (inaudible) et l’agent à l’extérieur de la voiture pense entendre « mandat » puis se met à sautiller de joie et dit : « mandat d’arrêt ?! » avec un grand sourire, ce à quoi son collègue lui répond : « non, non, ce n’est pas une criminelle ». Pour finir, ils se tournent en me disant que « mon show » va me couter 50 dollars pour l’infraction + 500 dollars pour avoir entravé l’action d’un AGENT DE « LA PAIX ».

 

-       (Ayant cru mal entendre et sous le choc de sa réponse) Combien ?

-       Eh ouais, 550 dollars

-       (Et son collègue, de lui rajouter) et encore, t’as été sympa (après m’avoir demandé si j’avais une job)

-       Je n’ai pas d’argent pour ça, la situation est insensée et je contesterai l’amende.

-       Fais ce que tu veux, mais je vais tellement bien t’écrire ce rapport que tu n’auras aucune chance de gagner.

 

Suite à quoi il sort de la voiture, ouvre la porte arrière et me demande de passer mes menottes dans mon dos et que je ne sortirai pas de la voiture tant que mes mains ne seront pas dans mon dos (chose clairement impossible vu la position, à savoir que je suis assis les genoux pliés devant moi et les mains attachées sous les genoux)

 

-       C’est impossible dans la position dans laquelle je suis

-       Tu te débrouilles, c’est toi qui t’es mis comme ça

-       Je vous l’ai dit, c’est impossible, le seul moyen que je puisse mettre mes mains dans mon dos c’est en sortant de la voiture

-       (En me hurlant dessus) C’est toi qui t’es mis comme ça, comment tu t’es mis comme ça ?

-       Je ne sais pas, vous m’avez mis comme ça, je ne comprends pas

-       C’est TOI qui l’as fait, c’est quoi que tu ne comprends pas

-       Je veux juste sortir, j’ai mal, vraiment mal aux poignets

-       Bah alors descends

 

Rappelons-le, je suis les mains entre les genoux, encerclé par 4 policiers, je suis forcé de sortir en boule, plié, en position fœtale, en me laissant tomber sur le trottoir.

 

-       (Sur le trottoir) Maintenant, mets tes mains au-dessus de ta tête pour que je puisse enlever les menottes

-       Encore une fois, je ne peux pas passer mes mains menottées sous mes jambes au-dessus de ma tête

-       Débrouille-toi, TU ES SOUPLE COMME UN MEC NE PEUT PAS L’ETRE

 

Je me contorsionne en boule, par terre sur le trottoir, de Sherbrooke, entouré de 4 policiers pour essayer de passer mes mains par-dessus mes jambes.

 

Réussissant je ne sais pas comment à atteindre cette position, je suis par terre, à genoux devant le policier debout, les mains au-dessus de la tête, il me crie : « plus haut », ce que je fais pour qu’il finisse finalement par m’enlever mes menottes.

 

Il m’enlève les menottes, je me lève, je leur demande de me rendre toutes mes affaires, l’agent me tend ma sacoche brisée, ma gourde brisée. Je récupère le tout et part TRAUMATISÉ par ce qui vient de m’arriver, en larmes, les genoux sales, éraflés, incapable de bouger mes poignets complètement brisés. Une fois arrivé chez nous, j’ouvre ma sacoche et constate en bonus qu'un des agents a conservé un fond d’un de mes sachets de pot.

 

Tout est dit. Après m’être renseigné concernant tous les recours possibles, la conclusion est que le système étant fait comme il est fait, je ne gagnerai pas en contestant ces contraventions. Après avoir réfléchi à toutes les alternatives qui pouvaient s’offrir a moi pour me sortir de cette situation injuste et particulièrement angoissante, a contre cœur, j’en suis arrivé à la conclusion que je n’avais pas d’autre choix que de m’en remettre à vous en vous partageant cette cagnotte qui je l’espère me permettra de me sortir de cette impasse. (Comme dis plus haut je viens de sortir d'une période d'incapacité au travail, et bien que j'ai maintenant repris un rythme de 30h semaine depuis les deux dernières semaines, je ne suis aucunement en mesure de rembourser cette contravention seul.e, vivant déjà sur mes fonds de réserve en permanence). Je suis reconnaissant de ce que vous pourrez peut être me donner, que ce soit financièrement ou moralement, et je vous remercie du fond du cœur d’avoir pris le temps de lire un si gros pavé. (Les fonds seraient nécessaires avant ou autour du 27 septembre). 

 

PS : la cagnotte est de 600 et non 550 car GOFUNDME prend un pourcentage de la cagnotte. 






Organizer

Cyd Alter
Organizer
Montreal, QC
  • Other

Your easy, powerful, and trusted home for help

  • Easy

    Donate quickly and easily.

  • Powerful

    Send help right to the people and causes you care about.

  • Trusted

    Your donation is protected by the  GoFundMe Giving Guarantee.